L'expansion coloniale sous la IIIe République

 
A la fin du Second Empire, le domaine colonial français comprend, outre l'Algérie, le Sénégal, Gorée et quelques points de la côté du Gabon, les Antilles, Saint-Pierre et Miquelon, la Guyane, la Réunion, nos vieux comptoirs de l'Inde, la Cochinchine et le protectorat du Cambodge, la Nouvelle Calédonie et certains archipels océaniens. L'ensemble représente au total un peu plus d'un million de Kilomètres carrés, sur lesquels vivent 5 millions d'habitants.
 
En 1914, l'autorité française s'étend au delà des mers sur dix millions de kilomètres carrés, superficie égale à celle de l'Europe, vingt fois à celle de la France, et dont la population dépasse cinquante millions d'âmes.
 
Cette expansion ne résulte pas d'un plan concerté. Elle est due à l'action de quelques hommes d'état, comme Ferry ou Hanotaux, marins ou soldats, qui, par leur sens patriotique et leur goût d'aventures, osent entreprendre et savent entraîner la masse hésitante de la nation et des corps constitués.
 
La Tunisie est conquise après une courte expédition en 1881. Les opérations du Tonkin et d'Annam, entre 1873 et 1898, subissent de nombreuses fluctuations. A plusieurs reprises les Français sont sur le point d'évacuer les territoires conquis. Seules la clairvoyance et l'énergie du ministre Jules Ferry permet aux efforts de nos marins et de nos soldats de ne pas rester vains.
 
Les affaires indochinoises entraînent la France dans une guerre contre la Chine. Après les victoires de l'Amiral Courbet dans les mers de Chine, le traité de 1898 consacre nos établissements d'Indochine.
 
La conquête de L'Afrique Noire donne lieu à une série d'expéditions, comme la prise de Tombouctou en 1893, la conquête pacifique du Congo par Savorgnan de Brazza entre 1880 et 1885. La mission Marchand (1898), qui tente de réunir nos possessions du Tchad avec l'Ethiopie et Djibouti, engendre de vives tensions avec l'Angleterre, culminant avec l'affaire de Fachoda. Mais la convention franco-anglaise de 1898 régle finalement le partage de l'Afrique centrale.
 
La réunion en 1901, dans la région du Tchad, de trois colonnes, la mission Foureau-Lamy venue d'Algérie, la mission Joalland venue du Soudan, la mission Gentil venue du Congo, consacre l'unité de Empire français d'Afrique. Madagascar est occupé en 1895, puis Lyautey commence la conquête du Maroc en 1907. Sept ans plus tard, l'ensemble du pays est soumis.
 
 
L'armée coloniale
 
Durant les expéditions coloniales, les difficultés auxquelles donne lieu l'emploi de troupes métropolitaines amènent la France à constituer une armée coloniale autonome. En 1871, pour la défense des arsenaux et des possessions d'outre mer le département de la Marine et des colonies ne dispose que de 4 régiments d'infanterie de marine, comptant 186 compagnies dont 109 en France et 77 aux colonies, ainsi que d'un régiment d'artillerie de la marine et des colonies à 29 batteries dont 8 au dehors.
 
La loi du 7 Juillet 1900 institue une armée coloniale, rattachée à la guerre, comprenant 19 régiments d'infanterie, dont 7 au dehors, et 7 régiments d'artillerie. Ces troupes sont recrutées par engagements volontaires. Aucun homme du contingent métropolitain ne peut être envoyé aux colonies sans son consentement. La légion étrangère, les bataillons d'infanterie légère d'Afrique et les régiments de tirailleurs algériens, quoique ne faisant pas partie de l'armée coloniale, pouvent également être employés dans des expéditions outre-mer.
 
 
Les troupes coloniales indigènes
 
Les expéditions coloniales de 1870 à 1914 n'exercèrent pas d'influence sur l'évolution des idées militaires en France. Etant donné l'armement primitif de nos adversaires, les enseignements des guerres coloniales ne peuvent être transposés dans une guerre européenne. Mais grâce à ces guerres lointaines, l'armée française se trouve toujours partiellement engagée, permettant à certaines troupes de bénéficier d'une expérience du combat.
 
Durant la guerre 1914 - 1918, les troupes indigènes levées dans des pays parfois conquis depuis peu, font preuve d'un remarquable loyalisme. 800.000 hommes seront levés dans toutes les colonies. 500.000 indigènes combattront en Europe, dont 250.000 Nord-Africains, 134.000 Sénégalais, 43.000 Indochinois, 34.000 Malgaches. Environ 80.000 d'entre eux tomberont au cours de la guerre.


 
 
 



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