La guerre de mouvement,
août à novembre 1914


 
La première période de la guerre (Août à Novembre 1914) est marquée par l'échec du plan d'opérations français à la bataille des frontières, par l'échec du plan d'opérations allemand à la bataille de la Marne, et par la stabilisation générale du front occidental de la Suisse à la Mer du Nord.
 
 
La bataille des frontières
 
Les premières opérations (8 au 13 Août)
 
Dans la nuit du 3 au 4 Août les troupes allemandes pénètrent en Belgique, le 5 Août des unités à mobilisation rapide appartenant aux Ie et Ile Armées se lancent par surprise contre Liège. Une des colonnes, dirigée par Ludendorff, réussit le 7 Août à occuper la citadelle, mais les forts de la périphérie résisteront jusqu'au 17 Août.
 
Le 7 Août, des éléments de la 1re Armée française pénètrent en haute Alsace. Le 8 Août, ils s'emparent de Mulhouse. Le même jour, à la nouvelle de l'attaque de Liège, Joffre étend son dispositif vers la gauche. La 5e armée est progressivement poussée dans la région entre Sambre et Meuse. La 4e Armée s'intercale dans le vide ainsi crée entre les 3e et 5e Armée. Mais, ignorant toujours que les Allemands emploient leurs corps de réserve en première ligne, l'Etat-major français estime que le renforcement de l'aile droite allemande s'accompagne nécessairement d'un affaiblissement du centre. Joffre maintient donc l'offensive prévue en Lorraine.
 
Ses ordres qui s'échelonnent du 8 au 13 Août, prévoient une offensive des 1re et 2e Armées en Lorraine  entre les Vosges et la Moselle, une offensive des 3e et 4e Armées dans les Ardennes en direction de Longwy  -  Neufchâteau destinée à rompre le centre ennemi, et, à l'extrême gauche la 5e Armée, en liaison avec les Anglais dont 4 divisions se concentrent dans la région d'Avesnes, contiendra l'aile droite allemande.
 
La bataille résultant de ces décisions comprendra trois phases distinctes dans le temps comme dans l'espace. Tout d'abord la bataille de Sarrebourg - Morhange (14 - 22 Août) où les 1re et 2e Armées françaises se heurtent aux Vie et VIle armées allemandes. Puis la bataille des Ardennes (22—24 Août) où les 3e et 4e armées françaises s'opposent aux IVe et Ve armées allemandes. Et enfin la bataille de la Sambre (22—23 Août) où la 5e armée française et l'armée anglaise luttent contre les le, Ile et Ille armées allemandes. L'ensemble de ces 3 batailles constitue ce que l'on a appelé "la bataille des frontières".
 
La bataille de Sarrebourg - Morhange
 
L'offensive des 1re et 2e armées françaises débute le 14 Août et repousse lentement les troupes de couverture allemandes jusqu'à la ligne Sarrebourg - Dieuze, atteinte le 19. Mais le 20 elle est arrêtée par une contre-attaque de la VIe armée allemande débouchant du nord, et de la VIle armée débouchant des Vosges. Soumises pour la première fois à des tirs d'artillerie lourde, assez peu meurtriers mais impressionnants, nos troupes sont ébranlées. La 2e armée a son centre disloqué et recule précipitamment; la 1re armée retraite plus lentement.
 
Les deux armées françaises parviendront à se rétablir le 25 Août. La 1re armée sur la Mortagne et la 2e armée sur les hauteurs du grand Couronné de Nancy. L'offensive de Lorraine se solde donc par un échec. Néanmoins elle fixe des forces allemandes importantes et attire même une partie des réserves du commandement allemand (6 divisions d'Ersatz).
 
En haute Alsace le détachement français ayant occupé Mulhouse le 8 Août, avait du se replier sur Belfort. La 7e Armée, nouvellement constituée (Général Pau) reprend l'offensive le 14 Août et réoccupe Mulhouse.
  
La bataille des Ardennes
 
Un raid du corps de cavalerie Sordet dans les Ardennes belges (5 - 15 Août) l'avait porté jusqu'à 20 kms de Liège. Mais les renseignements recueillis avaient été insignifiants, et les marches et contre-marches avaient ruiné ses 3 divisions de cavalerie.
 
La tentative de percée du centre allemand par nos 3e et 4e armées débute le 21 Août. Le lendemain les colonnes françaises se heurtent à celles des IVe et Ve armées allemandes. La surprise est complète des deux côtés. Dans le terrain compartimenté des Ardennes, il en résulte des combats de rencontre isolés de corps d'armée ou de division. De graves défauts d'instruction se révèlent du côté français comme le mépris du service de sûreté, des liaisons insuffisantes entre infanterie et artillerie et entre infanterie et cavalerie, ou le mépris du feu. L'aptitude manœuvrière des Allemands, leurs feux ajustés, leur emploi judicieux des mitrailleuses, leur donnent l'avantage dans la plupart des combats partiels.
 
Le 24 Août, la 4e armée française se replie et l'ordre de retraite est étendu par Joffre à la 3e Armée. La 4e armée se rétablira sur la Meuse, la 3e armée sur les Hauts de Meuse.
  
La bataille de la Sambre
 
Le 21 Août, Lanrezac (5e Armée) et von Bülow (Ile armée) abordent simultanément la Sambre dans la région de Charleroi. La bataille s'engage le 22 au sud de la rivière. Là encore, la fougue maladroite de nos troupes leur cause de lourdes pertes. Elles réussissent néanmoins à contenir la poussée allemande. Le 23 dans l'après-midi, la Ille armée allemande, dont c'est le premier contact avec les Français, force le passage de la Meuse à Dinant. Menacé sur son flanc droit, Lanrezac retraite.
 
Le même jour von Klück (le Armée) se heurte à l'armée anglaise dans la région de Mons, qui résiste d'abord, puis apprenant la retraite de la 5e armée, recule à son tour.
 
Le 24 Août sur toutes les frontières les Allemands avancent victorieusement, même si le rétablissement des   1re  et 2e  armées en Lorraine sur la Mortagne aura lieu le 25 Août. Dans la soirée le général Joffre admettant l'échec définitif de son plan d'opérations initial, écrit au Ministre de la Guerre. "Nous sommes condamnés à une défensive appuyée sur les places fortes et les grandes coupures du terrain, en cédant le moins possible de territoire. Notre but sera de durer en usant l'ennemi pour reprendre l'offensive le moment venu".
 

La retraite
 
Tous les efforts de Joffre tendent à reconstituer sur son aile gauchie une masse de manœuvre suffisante. Pour cela il lui faut gagner du temps, donc reculer. Il lui faut en outre être assuré du maintien de son aile droite entre Verdun et la Suisse. Le soir du 25 Août cette condition paraît réalisée.
  
Echec du premier plan de rétablissement
 
Le 25 Août, Joffre fixe les lignes de retraite des 3e, 4e et 5e armées françaises et de l'armée anglaise. Pivotant autour de Verdun, elles doivent se rétablir sur la ligne Verdun, Laon, Amiens (Aisne et Somme). Pour parer à la menace d'enveloppement de notre aile gauche, une 6e armée (Général Maunoury) est constituée par prélèvements sur l'aile droite. Elle doit se concentrer dans la région d'Amiens. C'est le début de ces mouvements de rocade par chemins de fer qui seront une des caractéristiques de la guerre.
 
Le rétablissement prévu sur la ligne Verdun-Amiens ne pourra être réalisé. Si au centre nos 3e et 4e armées se replient facilement, notre aile gauche (5e armée et Anglais) semble à plusieurs reprises sur le point d'être submergée.
 
Le 26 Août, au Gâteau, les Anglais se laissent accrocher par von Klück et battent précipitamment en retraite, découvrant le flanc gauche de la 5e armée. Surprise en plein rassemblement sur la Somme la 6e armée doit se replier sur l'Avre. Pour éviter l'anéantissement de notre aile gauche, la 5e armée reçoit l'ordre d'attaquer en direction de l'Ouest et de Saint-Quentin. A la bataille de Guise (29 Août) elle oblige les Allemands à repasser l'Oise. Mais menacée sur son flanc gauche, découvert par la retraite des Anglais, elle doit rompre le combat et poursuivre la retraite.
 
Deuxième plan de rétablissement
 
Ayant reconnu l'impossibilité de se rétablir sur la ligne Verdun-Amiens, Joffre décide de poursuivre la retraite jusqu'à la ligne de la Seine et de l'Aube.  Il renonce à sa tentative de débordement de l'aile droite ennemie et envisage maintenant de séparer cette aile droite de la masse des forces ennemies par une attaque au centre. Ce n'est que lorsque, contrairement à toute attente, les Allemands éviteront Paris que Joffre reviendra à sa conception initiale.
  
La poursuite allemande
 
En ce qui concerne la poursuite allemande après la bataille des frontières, deux constatations s'imposent. Tout d'abord, l'aile marchante de droite s'affaiblit progressivement de 12,5 divisions (2 corps d'armée envoyés en  Prusse orientale, 1 corps laissé devant Anvers, 1,5 corps laissé devant Maubeuge). Ensuite, la poursuite n'est pas dirigée d'une main ferme par de Moltke. Les réactions françaises (4e armée sur la Meuse, 5e armée à la bataille de Guise) font dévier peu à peu vers le Sud puis vers le Sud-est les axes de marche des armées allemandes. Recherchant l'enveloppement de notre 5e armée, von Klück néglige la 6e armée repliée sous Paris, et, obliquant vers l'est, passe la Marne à Château-Thierry en avance d'une étape sur von Bülow.
 
Comprenant le danger, Moltke modifie son plan initial. Il envisage une manœuvre analogue à celle de Joffre lors de la bataille des frontières, c'est à dire contenir l'aile droite française avec les le et Ile armées et percer au centre avec les Ille, IVe et Ve armées. Von Klück se résout à faire demi-tour, mais, au moment où il donne ses ordres de déploiement face à l'Ouest, il apprend que le corps de réserve qu'il avait laissé en flanc garde face à Paris est attaqué par des forces importantes. La bataille de la Marne était engagée (6 septembre).
  
La retraite française
 
Rien ne montre mieux la maîtrise du haut commandement français et la solidité de l'armée française de 1914 que l'ordre dans lequel se fit cette longue retraite de 12 jours. Les quelques paniques du début furent promptement enrayées. Les ordres de retraite furent dans l'ensemble satisfaisants. L'endurance et le moral du soldat français furent extraordinaires et surprirent les Allemands.
 
 
La bataille de la Marne
 
Le 4 septembre, devant les développements imprévus de la manœuvre allemande (marche de von Klück vers le Sud-est), Joffre, adoptant les suggestions de Gallieni, alors gouverneur de Paris, décide d'interrompre la retraite et prescrit la contre-offensive pour le 6 septembre.
 
A cette date le front des armées françaises dessine entre Verdun et Paris un vaste arc de cercle, véritable nasse dans laquelle se sont engouffrées les armées allemandes. Sur ce front d'environ 300 kms, 900.00 Allemands vont se heurter à 980.000 Français et 90.000 Anglais.
 
Le bilan des forces en présence fait donc ressortir une supériorité numérique sérieuse des Alliés. Mais tandis que dans la partie est du champ de bataille, de Verdun à Esternay, les forces allemandes et françaises sont sensiblement égales, dans la partie ouest les Alliés vont attaquer les 10 D.I. et 3 D.C. de la le armée allemande avec 23 D.I. et 7,5 D.C.
 
La bataille de la Marne peut se résumer de la façon suivante. A l'Est, Tandis que la 9e armée (Général Poch) a été constituée au cours de la retraite pour boucher le vide qui  s'était créé entre les 5e et 4e armées, les 3e, 4e et 9e armées françaises vont livrer une dure bataille défensive contre les Ve, IVe, Ille et Ile armées allemandes qui tentent de percer notre centre. A l'ouest la 5e armée française, l'armée britannique et la 6e armée française vont mener une offensive concentrique contre la le armée allemande et cette offensive entraînera la décision finale.
  
Au centre et à l'Est
 
Sous la poussée des armées allemandes, les 3e et 4e armées françaises reculent lentement. La liaison avec Verdun est compromise, une menace se dessine à l'est de Verdun dans la région de Saint-Mihiel. Au centre la 9e armée française soutient difficilement la pression de la Ile armée allemande et d'une partie de la Ille. Des combats acharnés ont lieu dans la région des marais de Saint-Gond. Un trou se dessine entre les 9e et 4e armées dans la région de Mailly.
  
A l'Ouest
 
Von Klück se retourne hardiment contre Maunoury (6e armée) et à partir du 8 septembre il le refoule vers l'Ouest. Mais sa volte-face a créé, entre lui et la Ile armée, un vide de 40 kms dans lequel s'engouffrent les Anglais et la 5e armée française. Le 9 au soir les Alliés franchissent la Marne et von Bülow donne l'ordre de repli, entraînant dans sa retraite von Klück, puis de proche en proche toutes les armées allemandes (10 - 11 Septembre).
 
La poursuite est menée très lentement; l'infanterie est épuisée, la cavalerie a été ruinée lors de la bataille des frontières. L'avance française ne dépasse pas en moyenne 50 kms. Les Allemands se rétablissent sur la Vesle et sur l'Aisne, et après quelques soubresauts (bataille de l'Aisne 15 - 30 Septembre, prise de St. Mihiel par les Allemands 20 - 25 Septembre), le front se fige entre la Suisse et l'Oise.
 
 
La course à la mer
 
Ne pouvant percer le front ennemi, les deux adversaires vont chercher à en tourner le flanc. Dans ce but Allemands et Alliés étendent progressivement vers le nord leur déploiement. Les effectifs engagés de part et d'autre sont sensiblement égaux. Leur engagement successif donne lieu à une série de combats de rencontre qui se déplacent lentement de l'Oise jusqu'à la Mer du Nord.
 
Se succèdent alors la bataille de Picardie (20 - 30 Septembre), la bataille d'Artois (2 - 7 Octobre), la bataille de l'Yser (18 - 30 Octobre) et la bataille d'Ypres (30   Octobre  - 15   Novembre). Après la "mêlée  des  Flandres", le front se fige à son tour entre l'Oise et la Mer du Nord.
 
L'Armée belge ne se décide que le 6 Octobre à abandonner la place d'Anvers et retraite péniblement le long de la côte pour atteindre l'Yser le 11 Octobre.
  
 
Les fronts orientaux en 1914
 
Pour soulager le front occidental les Russes n'ont pas attendu que leur concentration soit achevée pour envahir la Prusse orientale. Les Allemands reculent d'abord, puis profitant de la séparation des deux armées russes, Hindenburg, aidé de Ludendorff, les écrase successivement à Tannenberg (26 - 30 Août) et aux Lacs Mazuriques (7 - 15 Septembre).
 
En revanche, en Galicie, les Russes mettent en déroute les Autrichiens et atteignent les Carpates. Les Allemands doivent venir au secours de leurs alliés et après des combats violents et confus (bataille de Lodz) le front se stabilise à la fin décembre entre la Roumanie et la Baltique.
 
Mais la densité d'occupation de ce front n'atteindra que la moitié à peine de celle du front occidental. La fragilité du front oriental permettra aux Allemands en 1915 et aux Russes en 1916 de percer le front adverse sur de vastes étendues.
 
En Serbie les deux offensives des Autrichiens (la 1ère en Août, la 2ème en septembre) se terminent pour eux par des désastres. La Turquie est entrée en guerre aux côtés des Empires Centraux le 29 Octobre.
 
 
Caractéristiques des premiers combats
 
La bataille des frontières
 
La forme des premiers combats est caractéristique des idées qui règnent en 1914 dans les milieux militaires. Toute l'armée française est imprégnée de la doctrine d'offensive à outrance. L'on attaque l'ennemi là où il se trouve, sans se préoccuper du terrain et sans prendre le temps de réunir les moyens nécessaires. Soumises pour la première fois à l'épreuve du feu, les troupes obéissent aux réflexes qu'elles ont acquis en temps de paix, sur les champs de manœuvre.
 
L'infanterie ne connaît qu'un procédé de combat, l'attaque. Méprisant les effets du feu, elle se porte à l'assaut en formations denses, recherchant le corps à corps. Les possibilités qu'offre le terrain (défilement, abris .... ) ne sont pas utilisées. Décimée par le feu de l'artillerie et surtout des mitrailleuses, l'infanterie subit des pertes effroyables, dépassant 900.000 tués blessés et prisonniers pour l'année 1914.
 
L'artillerie ne prépare pas les attaques de l'infanterie. L'appui même de l'attaque perd une grande partie de son efficacité en raison de l'absence de liaison entre l'infanterie et l'artillerie. La faiblesse des moyens de transmission (500 m de fils téléphoniques par batterie), impose aux Commandants de batterie, d'une part de ne pas s'éloigner de leurs pièces. D'autre part de serrer sur la première ligne d'infanterie pour pouvoir suivre son combat. Les batteries sont donc poussées isolément le plus en avant possible, au mépris du défilement.
 
Les yeux de l'observateur d'artillerie constituent en fait le seul moyen de liaison avec l'infanterie. L'artillerie mène en conséquence un combat séparé de celui de l'infanterie. Et si l'allant des exécutants, la virtuosité des tireurs, les qualités du matériel permettent à notre artillerie de causer aux Allemands de lourdes pertes, l'aide apportée à l'infanterie n'est le plus souvent qu'indirecte.
 
Dans les échelons supérieurs l'esprit d'offensive à outrance se traduit souvent par une importance exagérée attribuée à la question "moral", et à une méconnaissance du service de sûreté. Pour tous, reculer est synonyme de défaite. Combien d'attaques inutiles et coûteuses seront lancées uniquement pour affirmer la supériorité morale française.
 
Enfin les premières batailles de rencontre dans les Ardennes font ressortir de graves négligences dans le service de sûreté. Des régiments, des divisions entières s'engagent en colonne sur des itinéraires boisés et encaissés sans se soucier d'assurer leur sûreté. Surprises par l'ennemi, elle ne pourront souvent pas se déployer, et le feu de l'artillerie et des mitrailleuse allemandes fera subir aux troupes ainsi entassées de véritables hécatombes.
  
Les premiers enseignements
 
Au début Joffre crois trouver la cause des échecs français dans les défaillances de certains chefs. Son œuvre d'épuration est prompte et énergique. De la mobilisation au 6 septembre, de nombreux officiers sont relevés de leurs commandements. Citons par exemple 2 commandants d'Armée (Ruffey 3e Armée et Lanrezac 5e  Armée), 9  commandants de C.A. sur  un totale de 21. C.A., 33 commandants de D.I. (23 de D.I. d'active sur 47,  et 10 de  D.I. de  réserve sur 25), 1 commandant de corps de cavalerie, et 5 commandants de D.C. sur 10).
 
Mais bientôt il faut se rendre à l'évidence. Certaines insuffisances du commandement ne sont pas seules responsables des insuccès français. Des graves défauts d'instruction se sont révélés à tous les échelons. Dès   lors, les efforts du haut-commandement vont tendre à amener l'infanterie à une plus juste appréciation de la puissance du feu et à coordonner l'action de l'artillerie et de l'infanterie, sans décourager l'allant et le moral des exécutants, car "l'outil est bon" comme le constatait Joffre.
 
C'est dans cet esprit que sont rédigées les nombreuses notes et instructions des mois d'août et septembre 1914. "Les combats livrés jusqu'ici ont mis en lumière les admirables qualités offensives de notre infanterie. Mais sans vouloir en rien briser cet élan qui est le principal facteur du succès, il importe, surtout lorsqu'il s'agit d'enlever des positions fortifiées, de savoir attendre l'appui de l'artillerie et d'empêcher les troupes de s'exposer hâtivement au feu de l'adversaire".
 
"Il faut en outre qu'à aucun moment la direction du combat n'échappe aux officiers généraux. L'infanterie doit amorcer l'investissement des points d'appui, les tourner si elle peut et ne pas se contenter d'aborder directement le front ennemi. Les attaques seront d'autant plus foudroyantes qu'elles auront été préparées avec plus de soin".
 
"Pour assurer le succès final, il ne suffit pas d'avoir de l'élan et du courage, il faut aussi savoir durer et éviter l'usure prématurée de la troupe aussi bien pendant les marches que pendant le combat. Telle doit être la constante préoccupation du commandement à tous les degrés de la hiérarchie." (Instruction du 16 août).
 
"Il résulte des renseignements recueillis dans les combats livrés jusqu'à ce jour que les attaques ne sont pas exécutées par une combinaison intime de l'infanterie et de l'artillerie; toute opération d'ensemble comporte une série d'actions de détail visant à la conquête des points d'appui. Chaque fois que l'on veut conquérir un point d'appui, il faut préparer l'attaque avec l'artillerie, retenir l'infanterie et ne la lancer à l'assaut qu'à une distance où on est certain de pouvoir atteindre l'objectif."
 
"Toutes les fois que l'on a voulu lancer l'infanterie de trop loin, avant que l'artillerie ait fait sentir son action, l'infanterie est tombée sous le feu des mitrailleuses et a subi des pertes qu'on aurait pu éviter". (note du 24 août).
 
Les exécutants de leur côté tirent rapidement profit des premières expériences. L'infanterie cherche à se soustraire aux effets du feu en profitant de toutes les protections et défilements que lui offre le terrain. A l'enthousiasme aveugle des premières rencontres succède une résolution, calme et tenace. Le moral de l'armée lui permet de surmonter les échecs du début.


 
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